vue aérienne de la pépinière

Série d'été / Patrimoine

C'est l'été ! Chaque vendredi, loin des sentiers battus, nous vous emmenons à la rencontre de trésors méconnus du patrimoine nancéien. Fontaines, parcs, jardins...

#26 / De l’Art nouveau à l’Art déco

La Première Guerre Mondiale entraîne une rupture dans la vie artistique du début du 20e siècle et en même temps la fin de l’apogée de l’Art nouveau. En réaction à l’exubérance de ce mouvement, certains artistes aspirent à des formes nouvelles plus sobres. C’est ainsi que l’Art déco se développe partout en Europe et même au-delà. 

Comme pour l’Art nouveau, les artistes sont partisans d’une unité de l’art et tous les domaines sont concernés : arts majeurs, arts décoratifs, artisanat et industrie.

Bien que les sujets et matériaux utilisés changent peu, c’est la manière dont ils sont traités qui évolue. Les courbes et volutes sont remplacées par des lignes et motifs géométriques. La représentation des plantes et des fleurs devient plus simple et stylisée. 

Les deux mouvements ne sont pas totalement cloisonnés et certains artistes ou entreprises (comme Majorelle ou Daum) qui réalisaient des œuvres Art nouveau font faire évoluer leur production pour l’adapter aux nouveaux goûts. Ainsi, on voit comment la nature foisonnante, inspiration caractéristique de l’école de Nancy, évolue vers un style épuré.

#25 / L'univers aquatique

Au-delà de la représentation de la nature visible, les artistes de L’École de Nancy étendent leurs recherches également au milieu aquatique. Ils partagent avec leurs contemporains une fascination pour ce monde, encore très mystérieux, abritant une faune et une flore étrange.

L’École de Nancy regroupe une multitude d’œuvres s’inspirant de cet univers : du verre à l’architecture, en passant par les vitraux et les meubles.

La jardinière Flora marina montre un ensemble de références au monde aquatique telles des sirènes à la chevelure ondoyante rappelant les algues au milieu desquelles elles nagent, ainsi qu’une multitude de coquillages, crabes et petits poissons fidèlement taillés. On remarque dans l’exécution de cette œuvre l’influence du style rocaille du 18e siècle dans sa forme et ses volutes.

Toutefois, la technique du verre, particulièrement maîtrisée par les artistes nancéiens, est peut-être la plus adaptée pour évoquer la profondeur de l’eau. Le matériau travaillé en fusion garde une fluidité dans sa forme, de plus, sa transparence permet les jeux de lumière et les superpositions de plans.

#24 / Les femmes et l'École de Nancy

Comparé à d’autres foyers européens de l’Art nouveau où la représentation de la femme est très présente, le sujet n’a pas eu la même importance dans l’iconographie de l’École de Nancy. Victor Prouvé est sans aucun doute celui qui leur aura rendu le plus hommage sous de multiples variations allant de la femme mère, à la femme séductrice ou la femme mythique.

Pourtant, qu’elles aient été muses, modèles, collaboratrices ou ouvrières d’art, elles vont apporter une contribution décisive à l’existence du mouvement.

Marie Prouvé, amatrice de lecture et d’art, et pianiste de talent, a par son élégance et sa beauté, directement inspiré l’œuvre de son mari Victor et notamment ses portraits de femmes.

Henriette Gallé, très cultivée et engagée politiquement, va être une importante collaboratrice de son mari. Elle va participer à la gestion des affaires et va progressivement prendre le contrôle de l’entreprise Gallé avec la maladie incurable de ce dernier.

Quant à Louis Majorelle, ne va-t-il pas baptiser la maison familiale de Villa JIKA, acronyme de Jane Kretz, nom de son épouse.

Parmi les artistes de l’École de Nancy, l’histoire a retenu Rose Wild qui, après avoir fait l’École régionale des Beaux-arts, rejoint les ateliers Gallé et signe avec le maître le vase Érable sycomore. Madeleine Deville, créatrice, a laissé dans les collections du Musée de l’Ecole de Nancy des accessoires en corne ou un magnifique paravent en cuir et bois intitulé Le Jour et la Nuit.

Enfin, n’oublions pas toutes celles restées anonymes, ces ouvrières aux mains d’or, qui ont contribué par leur savoir-faire aux plus grandes œuvres.

#23 / Le parc Corbin

À la fin du 19e siècle, avec l’augmentation de la population de Nancy, les quartiers ouest de la ville, champêtres jusque-là, sont en plein développement. C’est durant cette période très dynamique qu’Eugène Corbin, entrepreneur, mécène et amateur d’art, vient s’installer rue du Sergent Blandan.

Louant d’abord une maison au n°36 de la rue, Eugène Corbin finit par l’acheter et demande à Lucien Weissenburger, architecte de l’École de Nancy, de l’agrandir au n°38 sous la forme d’une seconde bâtisse de style Art nouveau. La maison prend sa forme actuelle dans les années 20 avec la construction par le même architecte d’une aile latérale côté jardin, encadrant une terrasse sur laquelle la famille Corbin et leurs proches aiment s’installer pour profiter de ce cadre privilégié.

Dès 1903, avec l’achat d’une parcelle appartenant à l’horticulteur Félix Crousse, Eugène Corbin débute l’aménagement d’un vaste jardin qui au fil du temps atteindra plus de 3 hectares.

Constitué de grandes pelouses et de bosquets, ce jardin comportait de nombreux édifices et équipements. On y trouvait une galerie d’art, un musée, une serre, une ferme, un court de tennis, des fontaines et statues, un aquarium à trois niveaux avec bassin extérieur et même une rivière !

Au début des années 50, la propriété est achetée par la ville. Le parc perd une grande partie de sa surface. Des constructions de l’époque ne subsistent que l’aquarium avec son bassin et une fontaine. L’aquarium, construit au début du siècle par l’architecte Lucien Weissenburger et décoré de vitraux Jacques Gruber, servait aux Corbin de lieu de repos et d’observation du monde aquatique. Surmonté d’une terrasse, il donne également une vue imprenable sur le jardin.

Les autres éléments présents aujourd'hui dans le parc sont : le monument funéraire de Madame Nathan (voir l’image dans l’article n°20) et l’ancienne porte des ateliers Gallé. Cette porte massive en chêne, décorée de branches et feuilles de marronniers et portant la fameuse inscription « Ma racine est au fond des bois », rappelle l’attachement d’Émile Gallé à la nature.

Aujourd'hui, l’ancienne maison d’Eugène Corbin accueille le musée de l’École de Nancy. Rénovés en 1999, la maison et son parc ont pour principe de retranscrire l’atmosphère de cette période heureuse du début du siècle.

Le parc quant à lui dispose d’une nouvelle signalétique mettant en valeur les plantes cultivées à l’époque et leur réemploi dans les œuvres exposées au musée de l’École de Nancy.

#22 / Horticulture, art et botanique

Le milieu horticole nancéien, déjà dynamique durant la première moitié du XIXe siècle, va encore s’accroître à partir des années 1870 avec l’essor de l’Art nouveau et de l’École de Nancy. Ce dynamisme va notamment se traduire par la création en 1877 de la Société Centrale d’Horticulture Nancéienne (SCHN).

La société, à laquelle adhèrent des artistes de l’École de Nancy (Emile Gallé en sera même le secrétaire général), organise alors des expositions et concours dans les parcs, serres et jardins de la ville. Elle va faire connaitre, partout en Europe et même dans le monde, de nouvelles variétés de pivoines, hortensias, clématites, lilas et autres, créées par des horticulteurs comme Félix Crousse ou Victor Lemoine.

Horticulteurs, botanistes et artistes partagent la même passion et des liens d’amitié vont se former entre eux, aboutissant parfois à des hommages pouvant prendre la forme de fleurs dédiées à des artistes ou leurs proches ainsi que d’œuvres d’art représentant des nouvelles variétés nancéiennes. Par exemple, la Coupe Rose de France ou Coupe Simon, a été réalisée par Émile Gallé et offerte à Léon Simon,  président de la SCHN, par les membres de la société. On peut également citer la Coupe Primavera, dédiée à Victor Lemoine, obtenteur d’une variété de primevères qu’il avait nommée Mme Émile Gallé.

Serres et pépinières sont implantées en pleine ville, parfois même à proximité des fabriques et manufactures d’art. Dans certains cas, comme l’usine Gallé, des jardins sont créés le long des ateliers afin de servir directement de sources d’inspiration aux ouvriers d’art.

Charles Joly, vice-président de la société nationale d’horticulture de France, dira même en 1878 : « Ces messieurs forment un remarquable ensemble qui finira de faire de Nancy la capitale horticole des départements de l’Est. Tout d’ailleurs s’y prête à merveille : il faut aller aux États-Unis, pour voir l’exubérance de vie, la richesse et la rapidité de croissance qu’on peut observer à Nancy ».

#21 / Des artistes inspirés par la nature

On le sait, la nature est l’une des premières sources d’inspiration de l’Art nouveau. Des plantes comme les ombelles, le ginkgo, les nénuphars sont très présentes dans les œuvres de cette période. Cependant, les artistes de l’École de Nancy ne vont pas se limiter à ces quelques espèces. En effet, partageant une passion commune avec les horticulteurs nancéiens en quête constante de nouvelles variétés, ils puisent dans ce domaine pour créer et s’exprimer à travers l’architecture et les arts décoratifs.

Cette importance du végétal se traduit par de nombreuses représentations, réalistes ou stylisées, et sur tous types de supports comme le verre, le tissu, le cuir, le bois, le métal… Les œuvres se parent de motifs imitant des plantes des plus exotiques aux plus communes et on trouve dans le même registre aussi bien orchidées et monnaies du pape que pissenlits, oignons ou ronces…

L’attrait des artistes de l’École de Nancy pour la nature va les amener à travailler en lien avec le très dynamique milieu horticole de la ville de l’époque, mais ça c’est une autre histoire…

Une exposition dédiée au végétal

L’exposition Flore 1900, située sous l’arc Héré, démontre à quel point la nature est indissociable de l’École de Nancy. À travers 14 panneaux, elle met en parallèle des planches d’études de végétaux réalisées par les ateliers d’art avec des œuvres ou des détails d’architecture.

Du 10 Juillet au 22 Septembre 
Sous l’Arc Héré

Les œuvres présentées dans l’exposition, ainsi que bien d’autres encore, peuvent être observées au musée de l’École de Nancy, au 38 rue Sergent Blandan et au musée des Beaux-arts, place Stanislas. 

Site du Musée de l'École de Nancy
Site du Musée des Beaux-Arts de Nancy

#20 / Nancy à la Belle Époque

L’Art nouveau, qu’est-ce-que c’est ? Un mouvement qui apparaît à la fin du XIXe siècle dans de nombreuses villes d’Europe et qui durera un peu moins de trente ans. Contrairement aux autres mouvements artistiques où la peinture est prépondérante, l’Art nouveau concerne principalement les arts décoratifs et l’architecture. Également nommé « Modernisme », « Jugendstil », « Liberty » ou « Secession », le mouvement peut revêtir des formes diverses : courbes organiques (Nancy, Barcelone, Bruxelles) ou plus géométriques (Glasgow, Vienne). Toutes ces variantes ont en commun l’inspiration de la nature, les modes de production de l’objet unique à la série industrielle, et la volonté de modernité en recourant à des matériaux et techniques innovantes (acier, béton,…) offrant une plus grande liberté dans les formes.

À Nancy, un basculement va s’opérer après l’annexion de l’Alsace et de population nancéienne passe de 50 000 habitants en 1870 à 120 000 en 1914. Parmi les nouveaux arrivants figurent artistes, industriels et une main d’œuvre qualifiée. La ville se transforme, l’urbanisme et les structures se déploient.

Profitant de sa situation géographique face à l’Allemagne, Nancy devient une vitrine française prospère où atouts et moyens sont concentrés. Et c’est dans cette effervescence qu’apparaît un centre artistique sans précédent.

Émile Gallé crée en 1901 l’Alliance Provinciale des Industries d’Art. Il lui donne le nom d’École de Nancy. De nombreux artistes en font partie : Gallé, mais aussi Louis Majorelle, Antonin Daum, Victor Prouvé, Jacques Gruber, Eugène Vallin, et bien d’autres encore. Ils exercent leurs talents sur les matériaux les plus variés. Les artistes vont conjuguer leurs talents pour créer une architecture avant-gardiste, où les moindres détails sont pris en compte pour transformer les cadres de vie en œuvres d’art.

Boutiques, banques, immeubles ou villas privées, ainsi que les objets d'art et meubles présents dans les musées municipaux, témoignent aujourd’hui encore de cette riche et libre période artistique. Ce foisonnement du mouvement contribue à faire de Nancy une capitale de l’Art nouveau en Europe.

Le saviez-vous ?

Au milieu du XIXe  siècle, après 200 ans d’isolement, le Japon s’ouvre au monde extérieur. La découverte d’un nouvel esthétisme provoque un véritable choc culturel. Les artistes occidentaux fascinés s’en inspirent pour leurs propres créations.

Missionné en Europe par le ministère de l’agriculture, le peintre et botaniste Hokkai Takashima séjourne à Nancy de 1885 à 1888. À cette occasion, il se lie d’amitié avec le milieu artistique nancéien qui, à travers son œuvre, va s’ouvrir à l’influence de l’Orient.

#19 / L’hommage de l’École de Nancy au siècle des Lumières

Au premier coup d’œil, tout semble les séparer. Pourtant, beaucoup les rassemble. Pour ce dernier épisode de l’été, partons à la découverte de l’héritage du XVIIIe siècle à travers les créations de l’École de Nancy. 

Après le décès de Stanislas et le rattachement de la Lorraine à la France, Nancy devenue ville de province, s’est endormie. À la fin du XIXe siècle, elle retrouve le même bouillonnement économique et culturel que celui du siècle des Lumières. 

Côtoyant au quotidien les décors de l’ensemble architectural, rien d’étonnant à ce que les artistes nancéiens y trouvent une source d’inspiration. Daum, Majorelle ou Gallé, revendiquent cette filiation en déclinant des motifs typiquement nancéiens où sont représentés des éléments de décors de l’ensemble du XVIIIe siècle. Les volutes végétales et les arabesques, l’exubérance et le déséquilibre des formes typiques de l’Art nouveau sont le fruit d’un style rocaille revisité. 

Les artistes de l’École de Nancy ont été influencés par l’art japonais en pleine redécouverte au XIXe siècle et son goût pour la nature, de la même façon que leurs prédécesseurs avaient développé une fascination pour les chinoiseries.

Pour transformer les objets du quotidien en véritables œuvres d’art, ils mettent en œuvre des savoir-faire et des techniques traditionnelles au XVIIIe siècle. La marqueterie en est un bel exemple. Pour imiter la laque, ils recourent au vernis Martin dont la recette est mise au point en 1728. Dans le domaine de l’architecture, les pièces en fer forgé relèvent d’un art jusque là essentiellement représenté à Nancy par Jean Lamour.

Au fur et à mesure que le mouvement gagne en maturité, les artistes de l’École de Nancy vont s’affranchir des modèles anciens. Dans leur quête de modernité et leurs recherches incessantes, ils créent leurs propres répertoires de références. Aujourd’hui, le siècle de Stanislas et l’École de Nancy font tous deux la renommée de Nancy à travers le monde entier.

#18 / Les menus plaisirs du XVIIIe siècle

Alors que cette année marque le 35ème anniversaire du classement par l’UNESCO des trois places construites par Stanislas, ce nouvel épisode vous invite à quitter les murs et les espaces urbains, pour les joies de la table au XVIIIe siècle.

Initiée au siècle précédent, la cuisine française établit ses codes loin des mets lourds et écrasés sous les épices des siècles précédents. Au XVIIIe siècle, c’est une « nouvelle cuisine » en quête d’authenticité, où se mêle quantité de saveurs, qui s’écrit. Objet de recherches et d’inventions, elle reste toutefois d’une extrême complexité, surtout en ce qui concerne sa présentation fondée sur l'ordre et la symétrie qui caractérise le service dit « à la française ». Au cours du repas, s’enchaînent de 3 à 6 services composés chacun d’une dizaine de plats déposés en même temps sur la table. Celle-ci est savamment dressée. Au milieu de motifs qui rappellent ceux des jardins, trône la pièce maîtresse du décor, le surtout (présentoir en faïence ou pièce d’orfèvrerie). Dans cet agencement, les convives dînent en picorant dans les plats les plus proches d'eux que l’on change à chaque service.

Cette nouvelle cuisine amène également à la spécification des métiers de bouche comme le confiseur en charge des mets confits mais pas uniquement sucrés. De nouveaux livres de cuisine apparaissent. Dans Le Cannaméliste français, Joseph Gilliers, chef d’office et pâtissier de Stanislas, consigne ses recettes où il apporte également des indications sur les usages et les ustensiles.

En Lorraine, Stanislas, roi bâtisseur mais aussi roi gourmet, donne à ses dîners un faste digne de Versailles. N’oublions pas que sa fille est l’épouse du roi de France, favorisant ainsi les échanges gastronomiques tels que les bouchées à la reine, fruits de la collaboration de Marie et du chef de cuisine Vincent de de 80 personnes s’activent dans les cuisines de Lunéville où sont mis en œuvre des produits locaux (volaille, poissons, légumes ou fruits…) comme des produits d’importation (vin de Tokay, chocolat, thé..).

L’esthétisme de la table conjugué au raffinement des saveurs va être profitable aux verreries et faïenceries de Lorraine. De nombreuses manufactures voient le jour au cours de ce siècle et certaines obtiennent le titre de manufactures royales. Pour répondre aux nouvelles exigences, elles développent un savoir-faire qui fera leur renommée au-delà des frontières à l’image de Lunéville fondée en 1730 et principal fournisseur de la cour de Stanislas. 

Gourmand, Stanislas s’est surtout distingué par son goût pour le sucré. De nombreux plats prennent forme dans ses cuisines. Beaucoup font dorénavant partie de notre patrimoine et délectent toujours nos papilles.

  • La soupe à l’oignon gratinée, que Stanislas avait dégustée lors d’un voyage vers Paris, dans une auberge entre Saint-Dizier et Vitry-Le-François. Il ne voulut reprendre la route qu’après avoir lui-même confectionné cette soupe et qui devint ainsi un met royal à Lunéville.
  • Le Melon de Lunéville. Friand jusqu’à l’indigestion, Stanislas encourage l’installation de melonnières en Lorraine. Ce fruit à la peau couleur vert foncé, presque noire, rayée de blanc, a failli tomber dans l’oubli et retrouve aujourd’hui un nouvel engouement. 
  • Le Baba au Rhum. Stanislas avait rapporté de Pologne le « Babka », sorte de kouglof, qu’il trouvait trop sec pour ses dents en mauvais état. C’est là que l’idée de l’arroser d’un vin sucré comme le Tokay (le rhum n’interviendra que plus tard, vraisemblablement à Paris avec la diffusion du rhum arrivé des colonies) a fait son apparition. On prête cette invention au pâtissier Nicolas Stohrer qui a réalisé son apprentissage dans les cuisines de Stanislas avant de suivre la fille du roi, Marie, à Versailles. 
  • La Madeleine de Commercy. Suite au départ précipité du pâtissier des cuisines de Commercy, une servante au nom de Madeleine se propose de réaliser un biscuit que l’on fait chez elle les jours de fête. 
  • Les meringues. Marie et le pâtissier Gasparini originaire de Meriningehn en Suisse mirent au point la recette à Wissembourg. 
  • La Bergamote que Gilliers nommait « pastille » ou bonbon d’odeur. Ce bonbon fait de sucre glace et d’huile essentielle avait des vertus digestives et couvrait l’halène des gourmets. Le pastillage était également utilisé dans la réalisation des décors. Opaque, il n’avait pas encore l’aspect du caramel transparent et doré inventé au siècle suivant.

#17 / La Pépinière et le projet Lecreulx

Pour ce nouvel épisode, empruntons les allées du Parc de la Pépinière, paradis des promeneurs, et îlot de fraîcheur en plein centre ville.

Mais connaissez-vous son histoire ? Saviez-vous notamment qu’un grand projet imaginé par François-Michel Lecreulx autour d’un canal devait relier la Pépinière à la Meurthe ?

La Pépinière possède une riche histoire que les Nancéiens connaissent assez peu. Tout d’abord, pourquoi l’appelle-ton « Pépinière » ? Le parc doit son nom à sa fonction initiale : celle d’une pépinière royale, c'est-à-dire de réserve arboricole.

Le potager royal, datant du duc Léopold, ayant disparu avec la construction de la place d’Alliance, la création d'une nouvelle pépinière pour fournir en arbres les routes de Lorraine paraît cruciale à l'administration de Stanislas. Un arrêté du 26 avril 1765 décide de sa construction et pour se faire l’on choisit les terrains à l'est de la place de la Carrière, à l’emplacement des anciennes fortifications de la ville vieille.

Le projet nécessite de lourds travaux avec la destruction du bastion des Dames, l’arasement du mur d’enceinte (dont l’ancien tracé correspond à l’allée haute du parc), ainsi que le comblement des fossés.

La surface nivelée, en partie basse, est divisée en 16 carrés où sont plantées plusieurs espèces d’arbres. Cet aménagement en damier est celui que l’on connaît encore aujourd'hui.

Pourtant un autre projet aurait pu transformer le parc et la vision de cette partie de la ville.

En 1778, l'ingénieur-architecte François-Michel Lecreulx conçoit un projet d’agrandissement de la Pépinière, conduisant ses limites jusqu’aux berges de la Meurthe, doublant quasiment sa surface.

Il peaufine le projet d’évolution du quartier en dessinant une nouvelle place royale devant la caserne Sainte-Catherine (caserne Thiry) et imagine un canal alimenté par la Meurthe traversant le nouveau parc (à l’emplacement de l’actuel canal). Son idée ne manque pas d’ambition. Stanislas déjà, dans sa volonté d’étendre la ville vers l’est, voulait faire du quartier de la caserne Thiry un quartier d’affaire desservi par un port pour la circulation des marchandises.

Mais le projet arrive trop tard. Nancy, devenue ville de province depuis 1766, a perdu beaucoup de ses moyens et les caisses du roi de France, à la veille de la Révolution, sont aussi en souffrance.

Le projet ne verra jamais le jour.

En 1835, la Pépinière devient définitivement un parc public.

En 1843, le canal de la Marne au Rhin arrive à Nancy.

Mais le saviez-vous ? Dans l’axe central ouest-est de la Pépinière, une rue et une passerelle qui passe au dessus du canal, portent le nom de l’ingénieur François-Michel Lecreulx. Comme un hommage à son projet inabouti …

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#16 / Une petite façade d’une grande richesse : la maison des Adam !

Elle fait partie des plus beaux décors sculptés de la ville du XVIIIe siècle, pourtant la façade de la maison des Adam reste méconnue. 

Nous sommes nombreux à emprunter la rue des Dominicains sans jamais y prêter une réelle attention. Au numéro 57, la maison des Adam est un petit bijou qui déploie un décor sculpté d’une grande finesse inspiré par l’Antiquité … Sur cette façade étroite joliment ordonnancée, foisonne une multitude de personnages et de symboles.

Au rez-de-chaussée, la frise horizontale, qui occupe la largeur de la façade, comporte pas moins de 24 personnages et chérubins, accompagnés de 5 animaux (lion, éléphant, cheval, chameau, crocodile) réunis dans des scènes évoquant chacune un continent. 

Entre les deux baies du premier étage, sur une console en relief, une femme entourée de deux génies fait penser à l'une des 9 Muses protectrices des arts. Autour d’elle, encadrant les fenêtres, outils et instruments rappellent les métiers d'architecte, sculpteur, peintre ou musicien.

Au 2e étage, dans l’espace central se trouve une statue de Mars, dieu de la guerre. En-dessous de lui, en médaillon, figurent Vénus et Cupidon. Tandis qu’au-dessus des fenêtres sont étendus Jupiter et Junon (à gauche) et Neptune et Diane (à droite).

Au 3étage, sous la statue d’Apollon avec sa lyre, un autre médaillon représente le dieu Saturne accompagné d’un génie exhibant les attributs du dieu, la faux et le sablier. 

Enfin, accroché sous la corniche, un dernier médaillon encadre un Bacchus souriant, couché, tenant un pichet sous le bras et une coupe à la main. 

Famille de sculpteurs sur trois générations, les Adam œuvrent entre la Lorraine et la France au service des ducs et des rois. Chaque membre connait une carrière exceptionnelle. Deux des fils de Jacob-Sigisbert, Lambert-Sigisbert et Nicolas-Sébastien, réaliseront notamment une fontaine à Versailles pour Louis XIV. Jacob-Sigisbert Adam est également le grand-père du célèbre Clodion.

La maison rue des Dominicains, acquise en 1712 par Jacob-Sigisbert, entièrement redécorée en 1720, sera leur vitrine et reste encore aujourd'hui le témoignage puissant de l’art sculptural du XVIIIe siècle, au-delà de la splendeur des trois places.

Situer

#15 / De divins visages

Au pied du Palais du Gouvernement, leur présence nous intrigue. Ils ont tout connu, tout vu, témoins des plus grandes heures de l’histoire de la ville.

Mais alors, qui sont ces personnages ? Partons à leur rencontre… 

 

Pour clore la magnifique perspective constituée par la place Stanislas et la place de la Carrière, Emmanuel Héré imagine un palais plein d’élégance qui répond à celui de l’Hôtel de Ville. Et pour parfaire l’unité urbaine, il relie le palais aux deux derniers pavillons de la place par deux hémicycles et souligne l’ensemble d’une même colonnade.

Entre les colonnes, des personnages veillent sur la place. De mêmes proportions, les bustes, posés sur des consoles, semblent identiques. Pourtant à bien y regarder, ils sont tous différents.

Pour découvrir qui ils sont, il faut s’approcher et observer les attributs qui décorent leur socle et parfois leur buste, donnant ainsi la clé de chaque personnage. Leurs noms sont Saturne, Mars, Vulcain... 22 dieux, déesses et héros de la mythologie.

Vous reconnaîtrez Neptune, dieu de la mer, représenté avec un trident. Vulcain, dieu du feu, avec son marteau et une enclume. Vous pourrez retrouver Pluton, dieu des Enfers, représenté avec des clefs, une couronne et une flamme. Allez à la rencontre de la déesse de la guerre Minerve armée d’un bouclier et d’une lance, ou encore de Bacchus, dieu de la vigne, associé à des grappes de raisins. Trouverez-vous la déesse de la chasse qui possède un carquois et des flèches ?…

Détruit pendant la Révolution, l’ensemble sculptural est restitué au cours de la première moitié du XIXe siècle.

De gauche à droite côté ville vieille

Saturne : assimilé à Cronos et divinité agraire, représenté avec faucilles, serpent et sablier
Cybèle : déesse mère, personnification de la puissance de la nature, elle est représentée la tête couronnée, avec une corne d’abondance, sceptre, clé et médaille.
Neptune : dieu des mers, avec son trident
Amphitrite : divinité marine et épouse de Neptune
Vulcain : dieu du feu et patron des forgerons, il est accompagné de marteau, chaine et enclume
Vénus : déesse de la beauté, de l’amour et de la germination, représentée par des colombes enlacées
Apollon : dieu solaire et des arts est accompagné de sa lyre
Diane : déesse de la chasse, présentée avec son arc, son carquois et ses flèches
Hercule : héros grec, ayant exécuté 12 travaux, représenté avec deux massues, la léonté (peau du lion de Némée) et l’Hydre de Lerne
Juventas : déesse de la jeunesse et de la vitalité, montrée avec deux carafes et deux coupes

Côté Pépinière

Jupiter : dieu du ciel, maître des dieux, représenté avec aigle, sceptre et éclair
Junon : épouse de Jupiter et déesse de la nature féminine est représentée portant un diadème, et accompagnée d’un coffre à bijoux et des plumes
Pluton : dieu des enfers, représenté avec clefs, couronne, chaines et flamme
Proserpine : épouse de Pluton, déesse des saisons et des enfers, elle apparaît avec un flambeau, un arc et  des chaines
Mars : dieu de la guerre, il porte un casque et est accompagné de lance, carquois et bouclier
Minerve : déesse de la guerre et de la sagesse, elle porte un casque et est accompagnée d’un bouclier et d’une lance
Mercure : dieu protecteur des commerçants et des voyageurs, représenté avec son caducée et un ballot cordé
Cérès : divinité de la fertilité, elle porte une couronne de blé et est accompagnée d’une gerbe
Bacchus : dieu du vin, il est accompagné de grappes de raisin et de fruits
Pomone : déesse des fruits et des jardins, elle est représentée avec binette, râteau et arrosoir.
Pan : dieu des bergers, représenté avec des cornes, une brassée de roseaux et sa flûte
Palès : déesse protectrice des troupeaux et des pâturages, elle est représentée avec roseaux et coquillages

#14 / L'histoire de la statue de Louis XV

Il trône fièrement au milieu de la place qui porte son nom et qu’il a imaginée, si vivante et si belle. La statue du « Bienfaisant » célèbre l’homme, souverain esthète et visionnaire pour la Ville de Nancy et la Lorraine. Au centre de tous les regards, on aurait du mal à imaginer une autre statue que celle de Stanislas ! Et pourtant… à l’origine, la place ne lui était pas dédiée et c’est une autre statue qui s’élevait à cet endroit…

Au milieu du XVIIIe siècle, Stanislas lance son grand projet de doter la cité d'une place digne de son royal gendre, Louis XV. Au cœur de l’écrin, il prévoit d’y ériger une statue monumentale et commande l’œuvre aux sculpteurs Dieudonné-Barthélémy Guibal et Paul-Louis Cyfflé.

Durival raconte la statue…

Au cours de ses diverses missions au service du Chancelier français La Galézière puis du duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, Nicolas Durival tient un journal où il décrit le Duché, ses paysages et les grandes heures de son histoire.

Ce célèbre ouvrage, tenu de 1737 au 18 décembre 1795, consigne tous les événements urbains et politiques du règne de Stanislas. Durival s’est notamment attaché à raconter la construction de l’ensemble architectural, les dernières étapes de fabrication de la statue de Louis XV et son arrivée à Nancy.

Ce manuscrit fait l’objet pour les années 1765-1766 d’une édition électronique, proposée par les Bibliothèques de Nancy et agrémentée  de notes historiques, de cartes et d’images, consultable sur www.journaldedurival.fr 

15 Juillet 1755
« La statue pédestre de Louis XV de onze pieds de proportion a été coulée à Lunéville à 7 heures du soir en trois minutes.»

16 Novembre 1755
« La statue part de Lunéville à 8 heures et demie du matin, trainée par 32 chevaux et arrivée à 8 heures du soir à la porte Saint Georges. »

 « On l'introduit dans Nancy le lendemain 17. »

« Et le 18 à midi, elle est posée sur le pied d'estal sur les degrés duquel étaient déjà 3 des 4 figures qui accompagnent. »

26 Novembre 1755
« Erection de la statue pédestre de Louis XV sur la Place Royale de Nancy. La cérémonie s'en fit à 2 heures après midi »

Inauguré en grandes pompes le 26 novembre 1755 en même temps que la place, l’ouvrage en bronze mesure 4,66 mètres et représente le monarque debout, vêtu à l’antique, tenant un bâton de commandement, le visage tourné vers l’Ouest et précisément Paris.

Le socle, toujours présent aujourd’hui, était alors orné de bas-reliefs et de statues allégoriques représentant la Prudence, la Justice, la Force et la Clémence. L'emmarchement était entouré de grilles de Jean Lamour, supprimées en 1958 lorsque la place devient parking.

La statue de Louis XV, signe ostentatoire de la monarchie, subit comme le reste des décors les tourments de la Révolution. Pour tenter de la sauver, on l’enterre au pied de son socle. Mais elle finira par être exhumée pour être fondue.

Débaptisée, la place Royale devient place du Peuple, avant d’être rebaptisée place Stanislas en 1831. Et depuis, c’est la statue de Stanislas, œuvre de Jacquot, qui partage le quotidien des Nancéiens.

Le saviez-vous ? Dans le projet initial de l’ensemble du XVIIIe siècle, une des trois places était dédiée à saint Stanislas. Il s’agit de la place d’Alliance. Elle aurait pu accueillir une statue de Stanislas, mais en 1756, c’est une fontaine symbolisant l’Alliance entre la France et l’Autriche que l’on décide d’ériger en ce lieu. 

#13 / Et Boffrand inspira Héré...

L’Hôtel de Craon, actuelle Cour d’appel de Nancy, a été construit par Germain Boffrand au début du XVIIIe siècle, quarante ans avant l’ensemble édifié par Emmanuel Héré. Et si Boffrand avait inspiré Héré ? Passons à la loupe cette magnifique façade…

Édifié sur la place de la Carrière à la demande du duc Léopold pour Marc de Beauvau-Craon, l’Hôtel de Craon, pourrait presque aujourd’hui passer inaperçu tant il fait partie du paysage architectural de la place. Pourtant, en 1713, à son achèvement, l’hôtel apparaît comme un bâtiment prestigieux et moderne, dénotant parmi les constructions anciennes et disparates datant de la Renaissance. Sa façade élégante, rigoureuse et équilibrée, s’élève sur trois niveaux d’où se détache un avant-corps central rythmé de pilastres corinthiens. L’avant-corps est, à l’origine, couronné d’une balustrade et de pots à feu. De magnifiques ferronneries décorent les balcons et portent les « chiffres » de la famille de Beauvau-Craon en forme de deux « C » entrelacés.

Lorsque Stanislas demande à Héré de relier les deux villes, il attend de lui une architecture à la hauteur de son ambition. Héré va alors s’inspirer de son ancien maître et l’hôtel de Craon lui servira de modèle.

Dans un premier temps, entre 1752 et 1753, Héré s’atèle à la construction de l’Hôtel de la Bourse des Marchands (actuel tribunal Administratif), de façon quasi identique, juste en face de l’Hôtel de Craon. Ce chantier va constituer le point de départ de l’harmonisation des façades de la place de la Carrière telle qu’on la connaît aujourd’hui. Dans un souci d’unité, Héré retire la balustrade qui surmonte le bâtiment de Boffrand, pour la remplacer par une haute toiture d’ardoise, accordant par un effet miroir les deux bâtiments dans la perspective symétrique de la Carrière. Jean Lamour sublime l’édifice par un élégant travail de ferronnerie sur le balcon  où s'inscrit LA-BO-UR-SE et la fine silhouette de saint Michel, une balance à la main (symbole de rectitude).

Mais l’influence de l’Hôtel de Craon sur l’architecture développée par Héré ne s’arrête pas là. En 1755, à l’inauguration de la place Royale (place Stanislas), les Nancéiens découvrent une architecture entièrement surlignée de la fameuse balustrade ornée de pots à feu. Les façades des pavillons comme celles de l’Hôtel de Ville, s’élèvent également sur trois niveaux et sont rythmées de pilastres. Les balcons arborent des grilles en fer forgé portant cette fois les chiffres du roi de France et ceux de Stanislas.

Toutes ces similitudes font qu’aujourd’hui l’Hôtel de Craon, seule construction du XVIIIème siècle antérieure à Stanislas, fait définitivement partie de l’ensemble du XVIIIe siècle en se fondant parfaitement dans son environnement bâti.

Plus qu’une simple façade, un véritable modèle !

#12 / La place avant la place

Aujourd’hui, la place Stanislas et tout l’ensemble du XVIIIème siècle rayonnent à travers le monde entier et illuminent chaque jour les yeux de chacun d’entre nous. Pourtant, avant de devenir le plus beau fleuron de la ville et la fierté des Nancéiens, l’espace où s’est développé l’ensemble du XVIIIème siècle avait un tout autre visage… À quoi ressemblait Nancy avant l’émergence des « trois places » ? Que trouvait-on «  à la place de la place » ?

Avant les travaux rêvés par Stanislas et concrétisés par Emmanuel Héré, Nancy est divisée en deux villes. D’un côté, la ville médiévale, aux rues étroites et sinueuses : la Ville Vieille. De l’autre, une ville plus moderne, construite à la Renaissance sous l’impulsion de Charles III, aux rues larges et parallèles, s’organisant en damier : la Ville Neuve.

Entre ces deux villes fortifiées et séparées par un fossé en eau, une vaste esplanade où, entre autres, le pilori se tenait avant le règne du duc Léopold.

 « Ce pilori que le peuple nommoit jalande, étoit une espèce de cage ronde, de six pieds de haut sur 3 pieds de diamètre, garnie de gros barreaux de bois, soutenue par un pivot comme celle des ecureuils. On y mettoit quelquefois jusqu'à 3 et 4 filles que les écoliers, en sortant du Collége, faisoient tourner sans cesse au point de leur faire vomir le sang. » - (J.J. Lionnois, Histoire des villes vielle et neuve de Nancy, depuis leur Fondation jusqu'en 1788, Nancy, Hæner père, 1811, t.2, p.79)

Tout comme aujourd’hui, cet espace était très fréquenté ! En effet, déjà, cet immense terrain vague et humide était un lieu où tout le monde se bousculait…. La porte, protégée par le Bastion d’Haussonville (sous l’actuel Musée des Beaux-Arts) et seul point de passage entre les deux villes, est très souvent encombrée. Associée à un pont étroit enjambant les fossés, elle constitue un véritable goulot d’étranglement, qui rendait la circulation un peu difficile. Un peu plus tard, Léopold ordonne l’ouverture de la Porte Royale, et la construction d’une chaussée qui permettait une circulation plus fluide sur la future place où quelques constructions ont gagné sur la zone d’usage quasi-militaire.

Au-delà de la porte, en Ville Vieille, l’actuelle place de la Carrière portait déjà ce nom ! Créée au XVIème siècle, la place neuve de la Carrière présentait toutefois un aspect bien différent. Dès sa création, elle est le lieu des tournois, joutes et autres activités équestres. Mais à l’origine, on ne trouve pas d’alignement d’arbres et les hôtels particuliers qui la bordent ne présentent aucune unité architecturale. Il y régnait même un certain désordre ! Au bout de la place, à l’emplacement de l’ancien palais ducal, le projet inachevé du «Louvre » de Boffrand sert de fondation au futur palais du Gouvernement.

La place d’Alliance, est construite à l’Est de la ville, sur un terrain servant de jardin potager aux ducs, aménagé sur un ancien bastion démantelé en 1698. Tout ce quartier, aujourd’hui dense et minéral, était un espace de verdure, aéré, dégagé, ouvert. C’était aussi la dernière limite de la ville à l’est, et au-delà des dernières fortifications, on ne trouvait que des champs et des prairies.

Tout cela a bien changé …

D’un coup de maître, Emmanuel Héré, sous l’impulsion de Stanislas, a réussi le pari de réunir les deux anciennes villes pour n’en faire plus qu’une, cohérente et harmonieuse.

#11 / L'origine de la création des écoles municipales

Les vacances se terminent, et certains vont reprendre le chemin de l'école. Aussi, un bref historique sur l'évolution des écoles municipales de Nancy est de rigueur en cette fin d'été.

Après 1870, Nancy connaît un essor sans précédent où migrent de façon conjuguée les réfugiés des zones occupées et aussi tous ceux attirés par les nouvelles opportunités de travail. Ainsi, en l’espace de trente ans, la population passe de 60000 à 120000 habitants.

En réponse à cette explosion démographique, l’urbanisation s’intensifie et Nancy se dote d’équipements modernes. Mais, dans ce paysage en pleine mutation, les écoles publiques se comptent encore sur les doigts de la main. 

Plusieurs déclencheurs conduisent à lancer un remarquable chantier de construction d’établissements scolaires.

Entre 1870 et la première guerre mondiale, plusieurs milliers d’enfants sont à scolariser. Outre l’accroissement démographique, le besoin en établissement scolaire devient une priorité lorsqu’en 1882, Ferry rend l’instruction des enfants de 6 à 13 ans définitivement obligatoire. De plus, l’avancée de la laïcisation amène en 1904 à interdire aux congrégations religieuses le droit d’enseigner, ce qui a pour effet la fermeture d’établissements privés, et d’augmenter le nombre d’élèves.

Au total, la municipalité ouvre 24 écoles maternelles et primaires et offre ainsi l’opportunité à tous d’accéder à l’enseignement.

Deux architectes municipaux sont les maîtres d’œuvre de la grande campagne de construction d’écoles. Prosper Morey, grand prix de Rome et architecte des monuments historiques de la Meurthe - mieux connu à Nancy pour la construction de la basilique Saint-Epvre -, entre à la Ville en 1850  et se charge de 11 écoles (dont 3 sont lancées avant 1870). On lui doit notamment l’école Saint-Pierre (aujourd’hui Émile Gallé), Fontenoy, Saint-Georges et Boudonville.

À sa suite, à partir de 1881, Albert Jasson – architecte de la salle et galerie Poirel - en réalise 15 autres dont les écoles Ory, Marcel Leroy, Braconnot, Charlemagne, Tiercelins et Gebhart.

Ces établissements existent toujours, certains ont été transformés, modernisés ou ont évolué dans leurs fonctions. Ce qui fait qu’aujourd’hui, sur les 45 écoles publiques municipales couvrant le territoire de Nancy, et qui accueillent dorénavant 8700 élèves, la moitié date de cette période effervescente.

Souriez, c’est la rentrée !

Prosper Morey

1872 : École maternelle du Montet ; Ecole primaire du Montet

1873 : École élémentaire Trois-Maisons (ancienne Fontenoy)

1874 : École élémentaire Stanislas

1877 : École maternelle Saint-Georges ; Ecole primaire Saint-Georges

1882 : École maternelle de Boudonville ; Ecole primaire de Boudonville

Albert Jasson

1882 : École élémentaire Jules Ferry

1887 : École élémentaire Ory

1889 : École maternelle Stanislas

1891 : École maternelle Marcel Leroy ; Ecole élémentaire Marcel Leroy

1897 : École maternelle Charles III

1902 : École maternelle Jean Jaurès ; Ecole élémentaire Jean Jaurès

1908 : École élémentaire Braconnot

1910 : École maternelle Charlemagne ; Ecole élémentaire Charlemagne

1910 : École  maternelle Tiercelins

1910 : École maternelle Trois-Maisons

1911 : École maternelle Emile Gebhart ; Ecole élémentaire Emile Gebhart

#10 / Un jardin d’hiver pas comme les autres

Inspirée du style Art nouveau, c’est une véranda singulière que nous vous proposons de découvrir cette semaine : le jardin d’hiver de la maison Schott, sublime mélange de couleurs et de lumières.

Du côté du quai Choiseul, au numéro 6, se trouve une maison à l’allure discrète. Derrière ses murs, se cache un petit trésor d’architecture.

Venue d’Alsace après la défaite de 1870, la famille Schott fait l’acquisition de la maison puis lance à la fin du siècle une campagne de travaux de restructuration et d’extension. À la façade sur rue d’une grande simplicité, s’oppose sur l’arrière une façade plus ouvragée, décorée par une alternance de briques rouges et blanches. À l’intérieur, l’influence de l’École de Nancy se fait sentir, notamment au travers des peintures de liserons et de feuilles de vigne qui ornent les murs. Monsieur Schott entend faire de ces transformations le signe ostentatoire de sa réussite. Et c’est dans l’aménagement d’un jardin d’hiver qu’il va concentrer ses efforts.

Contrairement aux vérandas habituellement adossées aux maisons, le jardin d’hiver constitue une pièce à part entière, portée par des montants maçonnés, protégée par une toiture et aménagée au-dessus d’une cave où un chauffage est installé. Des grilles ouvragées fichées dans le sol, paré de carreaux de ciment aux motifs polychromes, réchauffent la pièce en hiver. Pour parfaire la décoration, M. Schott fait appel au maître verrier Antoine Bertin (1834-1904). Si sa technique reste traditionnelle (verre simple et verre gravé à l’acide), les motifs sont assurément ancrés dans la période.

Réalisées en 1900, les fenêtres s’habillent de fleurs dont les espèces sont choisies parmi les essais d’hybridation de l’époque. Iris, tulipes, capucines et clématites s’entremêlent à des motifs enrubannés. Les différentes espèces de plantes sont facilement reconnaissables, ce qui en fait un autre point commun avec l’École de Nancy.

Pour la qualité de l’ensemble, où M. Schott a laissé en signature un monogramme avec ses initiales, l’ouvrage est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 2009.

La maison Schott se visite uniquement sur rendez-vous au 06 75 75 68 94.

#9 / La renaissance d’un ancien quartier industriel

Depuis 20 ans, le quartier Rives de Meurthe ne cesse de se renouveler. Restructuré, repensé, réaménagé, il cache derrière lui un passé industriel intense dont il reste encore plusieurs empreintes. Mais quelle est l’histoire de ce quartier ?

Il y a plus de 150 ans : la conquête d’un territoire à vocation industrielle.

Au XIXe siècle, deux éléments majeurs contribuent à l’essor de ces terres situées à l’est de Nancy : la construction du canal de la Marne au Rhin en 1849, ainsi que l’ouverture d’une voie ferrée en 1881 reliant Champigneulles à Jarville, destinée au fret et desservie par la gare Saint-Georges.

De nombreuses entreprises viennent y trouver une nouvelle terre où développer leur activité. Le lieu, bordé par la Meurthe, présente alors de nombreux avantages. Il offre la force motrice des machines-outils, l’eau dont certains processus de fabrication ont besoin, ainsi que la voie fluviale pour le transport des marchandises.

Venue de Metz, la famille Vilgrain installe une minoterie sur une zone où des moulins sont attestés dès le Moyen Âge. En 1912, Louis Vilgrain confie à son gendre, l’architecte Pierre Le Bourgeois, la construction d’une usine équipée d’électricité qui deviendra les « Grands Moulins de Paris » (le bâtiment actuel a été reconstruit en 1946 par Jacques et Michel André).

Jean Daum, notaire de profession à Bitche, rachète la verrerie Sainte-Catherine en 1878. La manufacture va prendre son essor grâce aux talents conjugués de ses fils Augustin, le gestionnaire, et Antonin, le créatif. Elle se trouve dans l’actuelle rue des Cristalleries.

Les Fruhinsholz quittent l’Alsace pour relancer l’entreprise familiale de tonnellerie à Bayon puis à Nancy en 1888. L’entreprise prospère et exporte dans le monde entier. Un de ses foudres - le plus grand tonneau du monde d’une contenance de 433 000 litres -, sera exposé à la Grande Exposition de Paris de 1900. En 1958, l’entreprise est rachetée par Nordon. De la période Fruhinsholz, il reste aujourd’hui la maison familiale transportée pierre par pierre d’Alsace (Nancy, 78 avenue du XXe corps) et la cité Fruhinsholz destinée au logement des ouvriers (Tomblaine).

En 1887, s’ouvre, à l’extrémité de la rue des Tiercelins, la première centrale électrique qui fait de Nancy une des pionnières en France. L’alimentation est pour l’essentiel réservée aux usines. En 1898, la Compagnie Générale Électrique - mieux connue aujourd’hui sous le nom d’Alstom - reprend l’entreprise pour l’installer rue Oberlin.

Outre ces grands noms, de nombreux autres métiers ont animé depuis cette bande de terre comprise entre le canal et la Meurthe tels que la première manufacture de tabac, la taille de pierre, ou les tanneries…

Une renaissance engagée depuis 20 ans.

Aujourd’hui, les lieux ont changé d’usages pour devenir des espaces de vie, de résidence, d’études et de villégiature, et certains bâtiments ont trouvé une nouvelle destination.

Ainsi, les Archives municipales occupent le site de l’ancienne manufacture de chaussures Spico (Spire et Coblentz).

Le long du canal, deux silos à grains transformés en appartements témoignent encore des moulins.

Dans l’impasse Bazin, où se trouvaient des tanneries, quelques façades ont gardé le tracé des anciens séchoirs à peaux.

L’île du Foulon (Tomblaine), île artificielle créée au XIIIe siècle, supportant moulins puis usines, est aujourd’hui un lieu labellisé Espace Naturel Sensible.

Les anciens chemins de halage (destinés à la traction des bateaux par des chevaux) sont aménagés pour les promeneurs sur une boucle de 14km.

Le plan d’eau de la Méchelle et le Bras Vert - qui permet de réguler les crues de la Meurthe - sont réservés aux activités nautiques.

Le port Saint-Georges est dorénavant un port de plaisance qui fait face aux Jardins d’eau.

En route vers l’innovation.

Le site des anciens abattoirs, boulevard d’Austrasie, sur lequel sont déjà implantés la salle de concerts L’Autre Canal et le Technopôle Renaissance, continue aujourd’hui sa reconquête avec le projet de la future Pépinière culturelle et créative.

La Ville de Nancy innove au cœur du quartier avec les acteurs de la culture, de l’économie, de la formation et du numérique. Cap sur 2019/2020 : 5250 mseront dédiés à la création artistique, aux échanges et à l’expérimentation.

#8 / La gourmande histoire du macaron de Nancy

Comment le jeu des alliances politiques a contribué à créer ce qui va devenir une des spécialités de Nancy : le macaron.

L’histoire de Nancy s’est construite sur les échanges qu’elle a entretenus avec de nombreux pays, et particulièrement avec l’Italie, au point qu’ils ont marqué sa culture et son territoire.

Ainsi, on retrouve l’influence italienne dans de nombreux domaines : de l’élévation des fortifications bastionnées (bien avant que Vauban ne les reconstruise), en passant par les voyages de nos artistes en quête d’inspiration ou de formation auprès des maîtres italiens - Callot, Deruet, Claude Gellée (parti à Rome comme pâtissier, il y apprend la peinture auprès de Tassi) ou plus tard Isabey - , jusqu’aux alliances politiques et familiales qui ont aidé à la construction de l’État ducal.

C’est de cette circulation incessante que sont arrivés en Lorraine la bergamote et aussi le macaron.

En ce qui concerne cette célèbre pâtisserie - dont plusieurs villes s’arrachent la paternité au point qu’on la croit française - il a fallu attendre l’arrivée de Catherine de Médicis et son rôle primordial dans le raffinement de notre gastronomie.

Venue en France pour épouser le futur roi, Henri II, la Duchessina est accompagnée de cuisiniers et pâtissiers florentins. Apparaissent alors, sur la table royale, des légumes méconnus (haricots, artichauts, brocolis,…), de nouvelles recettes salées (quenelles, blanquette…) ou sucrées (confitures, nougat, pain d’épices…et macarons) et surtout un certain art de l’élégance, dont l’usage de la fourchette.

En Lorraine, on évoque le petit gâteau à base d’amande, de sucre et de blanc d’œuf, à l’époque de l’abbesse de Remiremont, Catherine de Lorraine, fille du duc Charles III et petite-fille de Catherine de Médicis.

La stricte observance interdisait la consommation de viande à laquelle on substituait celle de l’amande pour ses qualités nutritives (de la même façon le gâteau, lui aussi à base d’amande, appelé Visitandine, a été créé par les sœurs de la Visitation).

Le macaron devient véritablement celui « de Nancy » à la fin du XVIIIe siècle. En 1792, la Révolution française supprime les congrégations religieuses. Deux sœurs issues de la communauté des Dames du Saint Sacrement, pour subvenir à leurs besoins, se lancent dans la production du gâteau moelleux à l’intérieur et craquelé à l’extérieur. Le succès s’en suit rapidement et leur vaut le surnom de sœurs Macarons.

La maison du Docteur Gormand, où elles sont recueillies, se trouve au 10 rue de la Hache, aujourd’hui rue des Sœurs Macarons.

#7 / Quel est le lien entre le parc Sainte-Marie et la tour Eiffel ?

Une histoire à raconter digne des meilleurs jeux de société. À vous d’épater famille et amis en dévoilant cette mystérieuse parenté.

Le parc Sainte-Marie, dont la Ville vient de faire l’acquisition, devient en 1909 un haut lieu d’attraction et d’effervescence en accueillant, pendant 6 mois, l’Exposition Internationale de l’Est de la France. L’endroit, choisi pour sa proximité avec la gare, est spécialement réaménagé à cette occasion. De nombreux arbres sont abattus et des allées sont redessinées (tracé qui n’a d’ailleurs presque pas changé depuis).

Dans cet écrin de verdure, le chantier est colossal. En un an, aménagements et pavillons sont édifiés. Le nombre d’exposants oblige à déborder largement des limites du parc. On compte sept Palais, une trentaine de pavillons et kiosques ainsi que deux villages et une ferme reconstitués.

Pour ce début de siècle, l’Exposition Internationale de l’Est de la France est une véritable démonstration de la prospérité économique, industrielle et artistique de la Lorraine et de la France. Les visiteurs, dont la fréquentation atteint les 2 millions, découvrent toutes les nouveautés en matière de métallurgie, de textile, d’alimentation, des transports, de génie civil. Attractions et festivités font également partie du programme. Que ce soit dans la construction et les décors des bâtiments ou dans nombre des œuvres exposées, on retrouve la signature des architectes et des artistes de l’École de Nancy. Un pavillon leur est spécifiquement dédié. Cette date marquera pourtant la dernière présentation collective du mouvement.

Mais revenons à notre question initiale. Pour cela, il faut se tenir à l’entrée principale de l’Exposition rue Jeanne d’Arc. Pour pénétrer sur la grande allée (future avenue Boffrand), le visiteur doit franchir une porte monumentale, en forme d’arc, entièrement assemblée d’éléments métalliques, flanquée de deux pylônes de 23 m de haut. Cette impressionnante œuvre d’art est la création de la société anonyme des Hauts-Fourneaux, Forges et Aciéries de Pompey.

Pour la qualité de ses aciers, un fer puddlé souple et résistant, Eiffel avait convenu de se fournir auprès de l'usine pour toutes ses réalisations. Ainsi, 20 ans plus tôt, Pompey a produit les 8000 tonnes de poutrelles et rivets qui ont servi à la construction de la tour Eiffel.

De tout ce faste, il ne subsiste que peu de traces, sauf la maison alsacienne et le kiosque à musique. C’est là qu’aujourd’hui, durant l’été, il vous invite tous les dimanches pour un concert gratuit.

#6 / Un parc à la Belle Époque

À la Belle Époque, bien plus qu’un parc, la Cure d’Air est un véritable lieu de rencontre et de loisirs que nous vous proposons de découvrir.

En 1901, sur la colline du Haut-de-Chèvre, dans un lieu encore peu urbanisé, s’ouvre une maison de convalescence et de repos entourée d’un parc verdoyant.

Dans cette période en pleine mutation économique, culturelle, démographique et industrielle, la recherche d’espace reposant où l’on peut se repaître d’un bol d’air sain est de bon usage. Ainsi, autour de Nancy voit-on apparaître plusieurs lieux de détentes installés sur les hauteurs que l’on baptise « cures d’air » telles que la cure d’air « Trianon » à Malzéville (1903) ou « La Ronchère » à Houdemont (1908).

Mais revenons à la cure d’air nancéienne « Saint-Antoine ». À plus de 300 m d'altitude, le site qui offre une vue panoramique inégalée sur la ville et la campagne environnante, devient très vite prisé des Nancéiens. Autour de la maison de convalescence et de repos, tout est fait pour se distraire. Un hall-buvette en bois permet de se restaurer, boire et danser. Dans le parc, de nombreux espaces de jeux sont aménagés. Ainsi, piste à patin à roulettes, balançoires, tape-cul, tourniquet, vindas, croquet, jeu de quille, tennis et un théâtre de guignol font la joie des petits et des grands.

De toutes, la plus grande attraction va être la construction du funiculaire électrique qui permet de rejoindre le parc au départ de la rue de la Côte (en face de la rue Notre-Dame-Des-Anges). Malheureusement, un tragique accident mortel (une morte et sept blessés) survient le 31 Mai 1908, et mit un frein à cet engouement populaire sans pour autant interrompre son fonctionnement.

La première guerre mondiale aura finalement raison du parc et de l’établissement. Tour à tour, il deviendra le couvent des Sœurs de la Visitation (1921), puis l'ENACT (1991) et actuellement l’école de Condé (1998).

Aujourd’hui, le parc qui a la particularité de posséder de nombreux arbres fruitiers, offre toujours le même panorama spectaculaire sur la ville de Nancy.

Retrouvez plus d'informations sur le site de l'association des Amis de la Cure d'Air.

#5 / Une autre école de Nancy

Rue de Strasbourg, dans le parc Olry, le buste d’Ambroise Liébeault nous rappelle que Nancy a eu une autre école qui porte son nom.

Véritable poumon vert sur un axe urbain à forte fréquentation automobile, le parc Olry - aménagé sur une propriété qu’Achille Olry, amateur de botanique, cède à la Ville de Nancy - ouvre ses portes en 1924.

Au détour d’une allée, un buste en bronze, monté sur un piédestal, retient l’attention. Il y est écrit « Au Dr Liébeault 1823-1904, Chef et fondateur de l’école d’hypnologie de Nancy ».

Mais qui est le Dr Liébeault ? Et quelle est cette école de Nancy ?

Après avoir pratiqué la médecine traditionnelle à Pont-Saint-Vincent, Ambroise Liébeault ouvre en 1864, à Nancy, une clinique de guérisseur magnétiseur, où il propose des soins sous état hypnotique. Longtemps ignorés par le corps médical, ses résultats étonnants suscitent l’intérêt du professeur Hippolyte Bernheim. De cette rencontre déterminante naît l’école de Nancy dont la renommée ne tarde pas. De nombreux praticiens et chercheurs, parmi lesquels on compte Emile Coué ou Sigmund Freud, se déplacent à Nancy pour observer les travaux de suggestion verbale et leurs diverses applications thérapeutiques. Nancy contribue, avec l’école de la Salpêtrière à Paris, à l’âge d’or de l’hypnose.

Mais pour revenir au parc, nul besoin de la méthode Coué pour se persuader des bienfaits d’une flânerie dans ce jardin ombragé.

#4 / Un petit lexique de Botanique

Derrière le Muséum Aquarium, un jardin aux accents botaniques s’ouvre au public.

Dans des parterres sagement ordonnés, la collection de plantes se présente en plates-bandes. Certaines sont réservées aux essais de nouveaux cultivars. Dans d’autres, on peut découvrir les plantes qui composent le fleurissement de la ville.

Existant depuis le XVIIIème siècle, le parc s’est enrichi au cours des époques : d’abord des espèces du jardin botanique de Pont-à-Mousson, puis d’essences venues d’Égypte, de la Réunion, et de plantes rares de la Malmaison, offertes par Joséphine de Beauharnais.

Au milieu du parc, une fontaine est dédiée à Jules Crevaux, explorateur lorrain mort sur les bords du Río Pilcomayo, en Argentine.

Autrefois jardin royal des plantes, le parc ne garde aujourd’hui qu’une vocation pédagogique depuis qu’une partie de ses collections a été transférée au Jardin du Montet de Villers-lès-Nancy à partir de 1975.

Véritable vitrine du savoir faire des jardiniers de la Ville, le jardin Alexandre Godron est un lieu de promenade enrichissant, idéal pour admirer la floraison d’une large palette d’essences végétales.

#3 / Un jardin inspiré

Du mercredi au dimanche vous avez la possibilité de flâner gratuitement dans le jardin du musée de l’École de Nancy et d’y découvrir les insectes et les plantes qui ont si remarquablement inspiré les artistes de l’Art nouveau.

À deux pas du parc Sainte-Marie, rue Blandan, un autre jardin public s’offre aux visiteurs. Il s’agit du jardin du musée de l’École de Nancy. Ouvert aux mêmes heures que le musée, ce jardin est libre d’accès.

Dans cette ancienne propriété d’Eugène Corbin, mécène et amateur d’Art nouveau, on découvre une collection de plantes qui ont inspiré les artistes de cette période comme l’emblématique Berce du Caucase, ainsi que des végétaux issus de la recherche horticole nancéienne (lilas, anémones, hortensias…).

On y trouve également quelques curiosités telles que l’ancienne porte des ateliers Gallé, installée là en 1964, sur laquelle est gravée la citation « Ma racine est au fond du bois », ou l’aquarium, petit édifice rond surmonté d’une terrasse d’où la famille Corbin pouvait contempler son jardin. L’architecte, Weissenberger, avait prévu au sous-sol un bassin communiquant avec le bassin extérieur, et au rez-de-chaussée, des aquariums habillant les fenêtres, dont les vitraux installés en partie haute prolongent la thématique aquatique.

#2 / Un jardin secret

Bulle de calme et de fraîcheur, le jardin de la Citadelle offre au visiteur un lieu discret en plein centre-ville

C’est au 47 rue Henri Deglin, en empruntant une petite porte aménagée dans les remparts de la Ville Vieille, que l’on accède à un jardin discrètement implanté sur les hauts de la fortification.

Protégé des regards par le mur d’enceinte qui encadre la porte de la Citadelle, construite en 1598 par Charles III, ce havre de paix est aménagé comme un jardin des simples aux inspirations Renaissance.

Dans de petits carrés cernés de buis, on y trouve des plantes médicinales ou aromatiques, tandis que le parfum des roses anciennes ou du chèvrefeuille embaume l’air. De grands arbres ombragent les bancs qui invitent au repos.

Propriété du Rectorat de l’académie de Nancy-Metz, la Ville de Nancy assure l’aménagement et l’entretien du jardin  en échange de son ouverture au public.

#1 / La fontaine Wallace

Les fontaines Wallace, vous connaissez ? Symbole iconographique de la ville de Paris, on en trouve également dans certaines villes de province. Mais peu de personne savent que Nancy en possède une elle aussi !

C’est à Sire Richard Wallace, généreux philanthrope britannique, que l’on doit ces petits édicules ornés de quatre cariatides. Dans les années 1870, alors que la distribution de l’eau dans la capitale est une question de santé publique, il a voulu faciliter l’accès à l’eau potable à tous et après en avoir conçu la forme, en a offert une cinquantaine à la ville de Paris.

Plusieurs modèles sensiblement différents existent aujourd'hui. Mais ces « brasseries des quatre femmes », telles qu’elles ont été appelées alors, se reconnaissent toutes aux quatre personnages féminins supportant une coupole ornée de dauphins, personnifiant à la fois les quatre saisons et les quatre vertus (la bonté, la simplicité, la charité et la sobriété).